« Réduflation » : vers plus de transparence dans la grande distribution



Jeudi 4 Janvier 2024
Aurélien Delacroix

Afin d'améliorer la transparence pour les consommateurs, la France a proposé à Bruxelles un projet d'arrêté obligeant les supermarchés à informer clairement sur les variations de quantités des produits vendus. Cette initiative répond à un besoin croissant d'information face à la pratique de la « shrinkflation » ou réduflation.


Un projet pour lutter contre la réduflation

Le gouvernement a soumis à la Commission européenne un projet d'arrêté pour contrer la réduflation dans les supermarchés. Cette pratique, qui consiste à réduire les quantités d'un produit tout en maintenant ou augmentant son prix, a soulevé des inquiétudes, voire la colère, parmi les consommateurs. L'objectif de Paris, selon les déclarations de la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, est de mieux informer les consommateurs lorsqu'un produit subit une réduction de quantité.

Le texte est actuellement en cours d'examen à Bruxelles pour s'assurer de sa conformité avec une directive européenne de 2015 sur la transparence des règles techniques. Cette initiative intervient dans un contexte où les consommateurs sont de plus en plus attentifs aux variations de prix et de quantités, surtout dans un secteur agro-industriel où ces variations sont souvent discrètes mais significatives.

Le gouvernement prévoit d'imposer aux supermarchés l'affichage clair des changements de quantités sur les produits concernés. Selon le projet d'arrêté, les produits ayant subi une réduction de portion devraient porter une mention explicite indiquant l'ancienne et la nouvelle quantité, ainsi que le pourcentage ou le montant de l'augmentation du prix. Cette mention devrait être visible et lisible, soit directement sur l'emballage, soit sur une étiquette adjacente.

Entre réduflation légale et changements de recettes

Cette mesure, bien que saluée par certains pour son potentiel à améliorer la transparence, a également suscité des réactions mitigées chez les distributeurs. Dominique Schelcher, patron de Système U, a exprimé ses réserves sur France Inter, soulignant que cela pourrait entraîner une perte de temps pour les équipes en magasin et remettant en question l'impact réel de cette mesure sur les prix en rayon.

Philippe Goetzmann, spécialiste du secteur de la distribution, a publié une étude soulignant que les prix et les quantités sont généralement libres, et que les réductions de quantité s'accompagnent souvent de changements de recette. Cela soulève la question de la distinction entre les innovations alimentaires, comme une modification de recette pour une option plus saine, et une simple augmentation de prix déguisée. Un exemple récent est le cas du fromage fondu Kiri, qui a perdu 2 grammes en 2022 suite à un changement de recette, selon son fabricant, l'agro-industriel Bel. 



Tags : consommation





Le Pass Rail déraille : pourquoi le gouvernement abandonne l’expérience

24/04/2025

Droits de douane de Donald Trump : l'OMC prévoit une baisse historique du commerce mondial en 2025

17/04/2025

Seuil de TVA à 25.000 euros : la réforme suspendue face à une contestation unanime

10/04/2025

Capital-investissement : les investisseurs étrangers font preuve d'un grand intérêt pour la France

27/03/2025

Le montant des amendes pour pratiques anticoncurrentielles a doublé en 2024

20/03/2025

Trump relance la guerre commerciale : menace de taxes massives sur le champagne et le vin européen

13/03/2025

France : les dividendes atteignent un niveau record en 2024, portés par les performances de grands groupes

06/03/2025

Les espèces en recul, mais toujours plébiscitées par les Français

28/02/2025
Facebook
Twitter